La formation musicale de l’apprenti musicien se construit par des allers-retours incessants entre les acquisitions de techniques, de savoir-faire et les mises en situations les plus diverses au sein desquelles il est appelé à intervenir, seul, en groupe. Une dynamique peut alors se créer, autour de projets et de rencontres, développant d’autant le plaisir du jeu, de l’exploration, de la création. Cette démarche est créatrice de compétences touchant à l’autonomie du musicien en termes d’interprétation, de création et d’improvisation. Il s’agit de dépasser ici la simple maîtrise de l’instrument pour aller vers la capacité d’adapter les savoir-faire acquis à des situations nouvelles et variées, d’accéder à une expression personnelle.
Pour chacun des objectifs recherchés, trois niveaux d’aptitudes jalonneront l’apprentissage :
La place de la danse dans les répertoires traditionnels et dans les pratiques contemporaines est telle que la musique à danser structure une bonne partie de la formation. La participation à des bals folks et la création de groupes revêt d’autant plus une importance particulière. Elle permet aux élèves et musiciens d’aujourd’hui de donner sens à leurs pratiques.
L’évaluation des compétences se fait par un contrôle continu collectif sous forme d’autoévaluations ainsi que par des épreuves de fin de cycle qui sont des moments de musiques à écouter sur la base d’un répertoire choisi par les élèves. Le cycle 3 est construit autour de la création d’un groupe et de la présentation d’un concert en situation publique.
Le parcours de formation est subdivisé en trois grandes périodes qui correspondent à des degrés de découvertes et d’implications croissants.
A l’issue de ce cycle, l’élève aura eu l’occasion d’appréhender l’instrument à travers l’interprétation d’un répertoire à danser, la création de mélodies courtes et l’improvisation sur des règles simples. L’écoute, la danse, le chant et la production rythmique par onomatopées et sur percussions sont les éléments d’une formation musicale qui passe par les phases d’imprégnation, de manipulation et de formalisation des connaissances.
L’élève prolonge et approfondit les acquits du 1er cycle en abordant des répertoires plus complexes et diversifiés ainsi que les ornementations propres à l’instrument et aux nouveaux répertoires. L’analyse musicale est développée ainsi que le jeu d’ensemble sous différentes formes (ensemble de cornemuses, groupes mixtes, orchestre). Cette diversification des situations doit lui permettre de préciser peu à peu son projet personnel dans sa pratique musicale.
L’atelier « groupe et création», encadré par trois professeurs (dont moi-même), a pour objectifs de développer l’invention, l’expression, personnelle et collective, dans une démarche de transversalité entre les pratiques instrumentales et esthétiques. Il est ouvert à tous les élèves du conservatoire. La diversité des pratiques présentes est le garant de la richesse des situations vécues.
Ce cycle est articulé autour de la réalisation d’un concert dont le contenu est laissé au libre choix de l’élève. Le cadre est par contre imposé. Il inclut :
Ayant affirmé un choix professionnel, l’élève s’engage dans un processus de mise en perspective historique et géographique des musiques traditionnelles. Il développe une connaissance théorique du folklore et de l’ethnomusicologie qu’il met en pratique dans un travail de collecte. Il s’initie à l’organologie et à la découverte des musiques du monde. Il approfondit des styles de jeu de tradition populaire, notamment de cornemuse d’Auvergne. Il acquiert des techniques de composition polyphonique (voix d’accompagnement, basse) et travaille sur des grilles d’accords. Il doit conclure ce cycle par les cinq épreuves suivantes :
Réalisation d’un concert sur le modèle du cycle court mais incluant un travail stylistique plus orienté ainsi que des travaux de création, de composition. Le candidat présente un concert de 45 à 60 minutes incluant pour moitié des prestations solistes et pour l’autre moitié des prestations de groupe. Ce concert est donné en soirée, devant public.
Le programme soliste est choisi en accord avec le professeur. Le candidat doit varier, improviser sur au moins deux des thèmes retenus. Il joue également une pièce de sa composition. Le candidat donnera au jury des fiches présentant les pièces en détail, montrant ainsi sa connaissance des sources auxquelles il se réfère.
Le candidat se doit d’avoir une pratique de groupe. Il interprète plusieurs suites tirées du répertoire de son groupe, dont une pièce polyphonique, l’une des voix au moins ayant été composée par lui (seul ou en duo, trio). Le candidat donnera au jury des fiches présentant les pièces et les choix retenus dans les arrangements (mises en valeurs des thèmes, éléments de contrastes, polyphonies et/ou harmonies, rencontres des timbres, des modes de jeux, choix de qualités des relations entre les musiciens, méthodes de travail…).
L’évaluation porte sur :
Épreuve de culture musicale :
Le candidat doit commenter par écrit trois pièces de musiques traditionnelles comprenant :
Collectages du Centre France :
Il s’agit d’évaluer son niveau de perception des éléments qui constituent les œuvres ou extraits proposés ainsi que sa connaissance de l’aire culturelle pratiquée, en l’occurrence le Centre France. Le vocabulaire utilisé, les méthodes d’analyses ne doivent pas nécessairement emprunter au discours musicologique ni à la représentation solfégique. Une approche sensible, un vocabulaire imagé sont tout à fait pertinents pour peu qu’ils rendent compte des différents niveaux d’analyses. Voici une liste non exhaustive de quelques pistes portant à évaluation :
Le candidat dispose de trois heures pour réaliser cet écrit. Un CD comprenant les trois enregistrements lui est fourni en début d’épreuve. Un jury examine les résultats et reçoit le candidat pour un entretien sur son travail.
Collectage de musiques traditionnelles d’Europe :
Il s’agit d’évaluer la capacité à situer la pièce proposée dans l’espace européen, par rapport aux grandes aires culturelles définies par l’ethnomusicologie. Une courte description générale est complétée par un commentaire organologique.
Mémorisation et variation : Le candidat reproduit une mélodie de cornemuse donnée à l’écoute sur CD. La préparation se fait en quinze minutes. L’épreuve dure autour de trois minutes.
Connaissance des traditions populaires :
Le candidat doit présenter un dossier sur une tradition populaire et les pratiques musicales associées choisies dans la région nord (Guenels à Boulogne sur Mer, carnaval ou saint Martin à Dunkerque, géants de Cassel, fête de saint Nicolas…). Il y explique sa démarche, présente ses outils d’investigation ainsi que sa collecte d’informations et les observations qu’il en tire. Le dossier est présenté devant un jury et débattu au cours d’un entretien.
Cet entretien d’évaluation porte sur la capacité du candidat à rassembler et mettre en ordre une courte enquête de terrain et une recherche d’écrits afin de donner un panorama descriptif de la tradition populaire abordée. Il ne s’agit en aucun cas d’un mémoire spécialisé de type universitaire (ethnomusicologie, sociologie…) qui se doit de dégager des hypothèses de travail et de développer une pensée prospective et conceptualisante.
Projet pédagogique :
Le candidat présente un dossier de quelques pages décrivant son projet d’enseignement et l’articulant autour des valeurs qui le sous-tendent, des objectifs qu’il cherche à atteindre et de la méthodologie retenue. Il développera l’ensemble du projet dans le cadre plus général de l’école de musique et du territoire.
Il y a deux termes dans cette expression :
Le travail d’un professeur est de garder à l’esprit ces deux termes comme indissociables dans un processus de formation. C’est ce à quoi je tente de m’appliquer.
Michel Lebreton