Le
56, Rue du ChangePrix : Prix Libre
Buvette : oui
Chapelle Saint-Jacques - Vendôme à 19h30 (Prix Libre)
TURFU + SOURDURENT + LA CIGUË
TURFU
Qu’est-ce que la musique traditionnelle ? Qu’est-ce que le Futur ? Y a-t-il réellement une musique à danser ? Ces thèmes ne sont pas ceux d’une conférence sur cette soirée, bien que la prestation de ce duo y répondrait par la pratique. Rencontre de l’accordéon et de la batterie, des bals et de l’électronique ; leur musique est surtout un pont entre la fête et l’amour. Rythmiques répétitives et obsédantes, transes colorées et liesses populaires, Turfu redéfinit avec brio le plancher d’antan et la communion naturelle. On guinche dans une nouba explosive, les cœurs se frôlent sans jamais se toiser. C’est certainement à la vision des pieds qu’on se rend compte des influences. Les pas versent les arabesques d’antan, effleurant les cercles tropicaux. Turfu représente l’avenir par ce refus précis des bastions et des traditions trop ancrées. Ces musiques n’ont pas pour objet d’être sanctuarisées, mais doivent également vivre, se confronter aux us et coutumes des quatre coins du globe et aux évolutions du monde. De leurs évolutions, une lecture des changements sociétaux et des manières d’être. Sans jamais se prendre au sérieux ni intellectualiser une démarche, Turfu se jette simplement à corps perdu dans la réincarnation du bal. Vivant, espiègle, ludique, ouvert à toutes et tous.
SOURDURENT
À l’image de cette soirée, Sourdurent n’a cure des règles et de ce que la musique traditionnelle sous-entend. Sourdurent au pluriel, car Ernest Bergez, soliste connu dans le passé par ses excursions vers le bousculement de la musique du Massif Central, s’est désormais entouré de fines fleurs du clan des briseur.euses de manières de penser du genre. Jacques Puech, Elisa Trebouville et Loup Uberto complètent la formule pour toujours pousser dans ses retranchements le répertoire traditionnel et le gargariser d’influences nouvelles. Comme toute cette programmation, qui ne questionne nullement la musique traditionnelle, mais au contraire se réjouit des nouvelles accointances avec notre sphère des musiques dites actuelles, le projet questionne le présent et le passé pour mieux imaginer un futur. Leur musique navigue entre Français et Occitan et est une ouverture aux cultures et au monde, une cérémonie céleste où la voix est notre repère. Les transmissions furent opérées de générations en générations et le respect de cet art est combiné avec une personnalisation de ces savoirs, en invitant également la liesse, la fête et la transe. Le tour de force est que cette formule soit parfaitement digeste, telle un sound-system d’un nouveau genre, où le groove côtoie le folklore. Une infiltration du monde moderne pour en ériger de nouvelles règles, une déconstruction savante des cloisonnements de la musique pour rendre le concret et les expérimentations populaires.
LA CIGUË
Pour notre culture personnelle, la cigüe est une plante toxique et un poison. Y a-t-il une meilleure approche en communication ? C’est aussi via cet étendard que Chloé (issue des Grande) et Etienne (de Toukan Toukan) rendent allégeance à leurs racines du Berry pour ramener le bal trad vers des contrées plus actuelles. Forts de leurs expériences de ces dix dernières années, sans jamais se départir de ces musiques de leur cru qui les ont nourri, ils proposent une version tout en puissance et en émotions de ces répertoires réactualisés d’une formule violon/batterie à deux voix. Les bourrés sont de la partie, mais côtoyant désormais des récits redéfinissant les rôles. Emprunt d’une puissance émotionnelle folle, le duo enjoint certes à la danse, mais aussi à la réhabilitation des laissé.es pour compte, des à-côtés ; agissant tel un médicament bienfaiteur dans nos matrices. Un jardin punk que certains verront en friche, quand d’autres en contempleront la beauté par son refus de se conformer aux règles préétablies.
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